Alphonse de Lamartine

Un seul désir suffit pour peupler tout un monde.

Que Dieu serait cruel s’il n’était pas si grand !

Celui qui peut créer dédaigne de détruire.

Notre crime est d’être homme et de vouloir connaître.

Je suis de la couleur de ceux qu’on persécute.

Je suis las des musées, cimetières des arts.

L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.

Un grand peuple sans âme est une vaste foule !

Je ne veux pas d’un monde où tout change, où tout passe.

Borné dans sa nature, infini dans ses voeux.

C’est la cendre des morts qui créa la patrie.

Ici-bas, la douleur à la douleur s’enchaîne, le jour succède au jour, et la peine à la peine.

La pensée ne s’achève que lorsqu’elle a trouvé son expression.

Le passé et l’avenir, ces deux moitiés de vie ; dont l’une dit jamais et l’autre dit toujours.

On voudrait revenir à la page où l’on aime, et la page où l’on meurt est déjà sous nos doigts.

Mon coeur, lassé de tout, même de l’espérance ; n’ira plus de ses voeux importuner le sort.

On admire le monde à travers ce qu’on aime.

J’aimai, je fus aimé ; c’est assez pour ma tombe.