Poésie

Qu’importe aux coeurs unis ce qui change autour d’eux ?

L’amour seul est resté, comme une grande image survit seule au réveil dans un songe effacé.

Le monde est un livre dont chaque page nous ouvre une page.

Dans l’abîme sans fond mon regard a plongé ; de l’atome au soleil ; j’ai tout interrogé ; j’ai devancé les temps, j’ai remonté les âges.

La vie est ton navire et non pas ta demeure.

Le soin de chaque jour à chaque jour suffit.

Honte à qui peut chanter pendant que Rome brûle ; s’il n’a l’âme et le coeur et la voix de Néron.

Je suis concitoyen de toute âme qui pense : la vérité, c’est mon pays.

La mort fut de tous temps l’asile de la gloire.

Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts.

Qu’importe le soleil ? Je n’attends rien des jours.

L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie ; La fraternité n’en a pas !

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !

Un seul désir suffit pour peupler tout un monde.

Que Dieu serait cruel s’il n’était pas si grand !

Celui qui peut créer dédaigne de détruire.

Notre crime est d’être homme et de vouloir connaître.

Un grand peuple sans âme est une vaste foule !

Je ne veux pas d’un monde où tout change, où tout passe.

Borné dans sa nature, infini dans ses voeux.

L’homme est un dieu tombé qui se souvient des cieux.

Ici-bas, la douleur à la douleur s’enchaîne, le jour succède au jour, et la peine à la peine.

Le jour, c’est la vie des êtres, mais la nuit, c’est la vie des choses.

La nuit tombe, vous frôle en passant de son aile noire toute humide.