Charles Baudelaire

L’étude du beau est un duel où l’artiste crie de frayeur avant d’être vaincu.

Pour que la loi du progrès existât, il faudrait que chacun voulût la créer ; c’est-à-dire que, quand tous les individus s’appliqueront à progresser, alors, l’humanité sera en progrès.

Tout homme bien portant peut se passer de manger pendant deux jours, de poésie, jamais.

Le beau est toujours bizarre.

Plus l’homme cultive les arts, moins il bande.

Si le vin disparaissait de la production humaine, il se ferait dans la santé et dans l’intelligence un vide, une absence plus affreuse que tous les excès dont on le rend coupable.

Bien qu’on ait du cœur à l’ouvrage. L’Art est long et le temps est court.

Ce qu’il y a d’enivrant dans le mauvais goût, c’est le plaisir aristocratique de déplaire.

On est jamais excusable d’être méchant, mais il y a quelque mérite à savoir qu’on l’est; et le plus irréprochable des vices est de faire le mal par bêtise.

La mythologie est un dictionnaire d’hiéroglyphes vivants.

A chaque minute nous sommes écrasés par l’idée et la sensation du temps. Et il n’y a que deux moyens pour échapper à ce cauchemar : le plaisir et le travail. Le plaisir nous use. Le travail nous fortifie. Choisissons.

Un homme qui ne boit que de l’eau a un secret à cacher à ses semblables.

Ce qui est créé par l’esprit est plus vivant que la matière.

Les nations n’ont de grands hommes que malgré elles – comme les familles.

Un éclectique est un navire qui voudrait marcher avec quatre vents.

J’aime passionnément le mystère, parce que j’ai toujours l’espoir de le débrouiller.

Il n’est pas de plaisir plus doux que de surprendre un homme en lui donnant plus qu’il n’espère.

Le premier venu, pourvu qu’il sache amuser, a le droit de parler de lui-même.

Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille !

Jouir de la foule est un art.

Il faut être toujours ivre. Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du temps qui brise vos épaules, il faut s’enivrer sans trêve. De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous !

Le diable, je suis bien obligé d’y croire, car je le sens en moi !

Au fond de l’Inconnu pour trouver du nouveau !

La fidélité est un vice de pauvre.