Louis Dumur

Un homme qui se suicide ne mérite pas d’être traité de lâche, surtout par ceux qui n’ont aucune envie de se suicider.

Il faut du courage pour vivre ; il en faut davantage pour s’ôter la vie ; il en faut davantage encore pour vivre malgré le désir de s’ôter la vie.

Il faut pardonner à un auteur d’être méchant : jamais d’être bête.

Un auteur réputé qui commet un mauvais livre est un falsificateur qui vend un produit frauduleux sous une étiquette authentique.

Il n’y a pas de faillites, en littérature : il n’y a que des banqueroutes.

On croit communément à l’immortalité de l’âme, mais point assez sûrement pour qu’on se conduise en conséquence.

Si le suicide est un crime, pourquoi ne condamne-t-on pas en justice les gens qui ont attenté à leur vie ?

L’homme agit comme s’il ne devait jamais mourir, et sans cela il n’agirait guère.

Aimer la nature, c’est se donner le plaisir d’être poète sans avoir la peine de rimer.

Les plus belles choses ne résistent pas à leur vulgarisation.

Faire le mal, comme faire le bien, exige du tempérament : la plupart des hommes ne font que le médiocre.

La prospérité des sots est plus une injure pour notre bon sens que celle des méchants pour notre conscience.

Le beau doit être entouré de quelque mystère pour exercer tout son empire.

Le pessimisme s’exprime plus encore par le rire que par les larmes.

Le rire est un accès de méchanceté d’un caractère particulier.

Le sourire peut parfois être le signe d’une joie bienveillante, le rire jamais.

Plus on fait le bien d’une façon désintéressée, plus on est sensible à l’ingratitude.

Il y a trois manières de faire le bien : avec intérêt, sans intérêt, contre l’intérêt. La première seule rend parfaitement heureux.

Le cœur a ses prodigues et ses avares ; il a aussi ses économistes qui le discutent comme un budget.

La politique est l’art de se servir des hommes en leur faisant croire qu’on les sert.

Avoir de l’esprit n’est pas suffisant, il faut en avoir avec esprit.

Une injustice dont nous profitons s’appelle la chance ; une injustice dont un autre profite s’appelle un scandale.

L’homme est un mécanisme que l’amour-propre remonte chaque jour.