Maurice Chapelan

L’homme est parfois assez fou pour préférer le chagrin à l’oubli.

La laide s’ingénie à se le faire pardonner après l’extinction des lampes.

J’attends d’un auteur qu’il me parle de lui, c’est-à-dire de moi : qu’il augmente la conscience que j’ai de moi-même par identification ou par opposition avec la sienne.

Les laideurs du génie lui sont aussi consubstantielles que ses beautés.

Le néant se nie s’il se nomme.

La gloire. Les petits la veulent bavarde ; les grands l’acceptent muette.

L’homme intelligent a de commun avec l’imbécile de croire que celui qui ne pense pas comme lui est un imbécile.

Les écrivains doivent connaître la grammaire comme les escrocs le code.

Ennui. Un désert qui me traverse.

La mort, c’est comme une compétition ou chacun espère arriver le dernier.

Le style doit être à la pensée comme les barreaux aux montants d’une échelle.

Nos souvenirs sont le revers de nos espoirs.

L’homme n’est libre que de choisir sa servitude.

Il faudra beaucoup d’indulgence à Dieu pour pardonner aux hommes d’avoir imaginé l’enfer.

Si Dieu n’existe pas, les hommes ont besoin d’y croire. S’il existe, il finira par tout arranger.

Un écrivain ne lit pas ses confrères, il les surveille.

Ne demander aux femmes que le plaisir, et d’abord le leur, si on veut en obtenir tout.

Le sentiment n’est peut-être qu’une illusion du désir, mais bienheureux qui la partage.

La marche n’est ressentie que par les infirmes et la pensée par les fous.

La religion est la fausse monnaie du désespoir.

Pour aller au bout du plaisir, il faut aimer plus que le plaisir.

Le rire est un désinfectant.

Le mensonge est l’oxygène de la respiration sociale.

Religion : dernier refuge de l’amour de soi.