Robert Sabatier

Le racisme est une manière de déléguer à l’autre le dégoût qu’on a de soi-même.

Le rire sucre les larmes.

Deux personnes ne lisent pas un poème de la même manière, elles l’interprètent de façon différente, de sorte que le lecteur fait lui-même son œuvre de création.

A une époque de matérialisme outré, de bêtise pontifiante et de diarrhée verbale, lire un poème, c’est prendre une sorte de bain de propreté, de pureté.

La guerre est la multiplication du crime parfait.

Le dramaturge est ce monsieur qui, lorsqu’on applaudit les comédiens, croit qu’on l’applaudit.

Le théâtre est cet espace où se mesure, plus que celle du metteur en scène ou de l’auteur, l’imbécillité du public.

Le pauvre comédien : même ses partenaires ne l’écoutent pas.

La tragédie est le lieu où on se tue à nous le dire.

Certains se repentent des fautes qu’ils vont commettre.

Le plus parfait amour est le toi et le moi devenus synonymes.

Le sourire, c’est l’amorce du baiser.

Barbarie, seconde patrie de la bête humaine.

Le travail, ça ne mène à rien, ça tue plus vite !

Que la paresse soit un des péchés capitaux nous fait douter des six autres.

Il existe pire que les incapables : ce sont les gens capables de tout.

Adam et Eve furent punis d’être végétariens. Ils auraient dû manger le serpent.

S’opposer n’est autre que proposer. Une opposition sans proposition n’est qu’un mouvement d’humeur.

Dieu est une solution qui multiplie les problèmes en feignant de les résoudre.

Si Dieu était visible, l’athéisme deviendrait une foi.

Il faut s’efforcer d’être jeune comme un beaujolais et de vieillir comme un bourgogne.

Le temps, c’est de l’argent. Sur les tempes.

L’homme qui avance vers la cinquantaine n’aime parler de son âge qu’à ceux qui le rassurent.

La vieillesse, c’est le temps où les anniversaires ne sont plus des fêtes.