Sagesse

La meilleure occasion pour éprouver la sincérité d’un ami, c’est le moment où vous lui annoncerez un malheur qui vient de vous frapper.

Quand on veut vivre parmi les hommes, il faut laisser chacun exister et l’accepter avec l’individualité, quelle quelle soit, qui lui a été départie.

Les occasions de se taire et celles de parler se présentent en nombre égal, mais nous préférons souvent la fugitive satisfaction que procurent les dernières au profit durable que nous tirons des premières.

Un mot de trop détruit toujours son intention.

Si un Dieu a fait le monde, je n’aimerais pas être ce Dieu, car la misère du monde me déchirerait le coeur.

Le sommeil est pour l’ensemble de l’homme ce que le remontage est à la pendule.

La plupart des hommes sont tellement personnels qu’au fond rien n’a d’intérêt à leurs yeux qu’eux-mêmes et exclusivement eux.

Le monde dans lequel chacun vit dépend de la façon de le concevoir.

Aussi infailliblement que le chat se met à ronronner quand on lui caresse le dos, aussi sûrement on voit une douce extase se peindre sur la figure de l’homme qu’on loue.

Ne combattez l’opinion de personne ; songez que, si l’on voulait dissuader les gens de toutes les absurdités auxquelles ils croient, on n’en aurait pas fini, quand on atteindrait l’âge de Mathusalem.

Personne n’a vécu dans le passé, personne ne vivra dans le futur ; le présent est le mode de toute vie.

Entre les désirs et leurs réalisations s’écoule toute la vie humaine.

Qui critique les autres travaille à son propre amendement.

Il vaut mieux manifester sa raison par tout ce que l’on tait que par ce qu’on dit.

Dans la vie, nous combinons un plan ; mais celui-ci reste subordonné à ce qu’il plaira de faire au sort.

Il ne faut pas empiéter sur l’avenir en demandant avant le temps ce qui ne peut venir qu’avec le temps.

Dans l’âge mûr, on s’entend mieux à se garder contre le malheur, dans la jeunesse à le supporter.

Cachez soigneusement votre supériorité de crainte de vous faire des ennemis.

Ce n’est plus souvent que la perte des choses qui en enseigne la valeur.

L’activité est indispensable au bonheur ; il faut que l’homme agisse, fasse quelque chose si cela lui est possible ou apprenne au moins quelque chose.

La solitude offre à l’homme intellectuellement haut placé un double avantage : le premier, d’être avec soi-même, et le second de n’être pas avec les autres.

Attribuer une haute valeur à l’opinion des hommes, c’est leur faire trop d’honneur.

Le fou court après les plaisirs de la vie et trouve la déception ; le sage évite les maux.

Pour ne pas devenir très malheureux, le moyen le plus certain est de ne pas demander à être très heureux.