Françoise Giroud

Que cela plaise ou non, les Français n’aiment pas les étrangers. Les pauvres, bien sûr. Les riches, on les appelle des touristes.

Les premières étreintes sont toujours un peu ratées. On se jette l’un sur l’autre, à l’aveuglette ; poussé par trop de hâte on ne prend pas le temps de faire connaissance avec une peau, une odeur, un sexe étrangers.

On ne possède pas un chat, c’est lui qui vous possède.

Se souvenir, c’est s’écorcher.

Il y a des abîmes d’où personne ne peut vous sortir.

Les femmes ne sont pas faites pour collectionner les hommes, ça les démoralise.

La féminité n’est pas une incompétence. Elle n’est pas non plus une compétence.

Les livres que l’on écarte sont toujours ceux dont on s’aperçoit plus tard qu’on en a justement besoin.

Les Bourses ne traduisent pas l’état des économies, mais la psychologie des investisseurs.

A travailler on s’ennuie moins qu’à s’amuser.

Si le sida ne s’attrapait qu’à travers des seringues, il n’intéresserait personne.

Il n’y a pas de guerre sans morts.

Ainsi commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il montre le bout de son nez, on dit : C’est lui ? Vous croyez ? Il ne faut rien exagérer ! Et puis un jour on le prend dans la gueule et il est trop tard pour l’expulser.

La jeunesse est courte. C’est la vie qui est longue…

Vivre sans téléphone portable, vous imaginez le supplice ?

Quant aux bons souvenirs, ce sont des bijoux perdus.

J’ai toujours pensé que les salaires devaient s’établir en raison inverse de l’intérêt que l’on prend à son travail.

Le foot, c’est la guerre sans morts.

Ce qui est fascinant, avec l’argent boursier, c’est que, lorsqu’on le perd, en cas de baisse, par exemple, il se volatilise, il ne va dans la poche de personne. D’une certaine façon, c’est poétique.

Les raisons du commerce sont toujours les plus fortes.

A 20 ans, un mois me paraissait long, aujourd’hui il s’évanouit à peine entamé. Il y a autant de temps qu’il y a d’âges.

Tout se passe comme si chacun sentait vaguement que le pouvoir n’a plus de pouvoir.

Quels drôles de métiers que les métiers d’argent.

Souvent, ceux qui sont au pouvoir se croient invulnérables.