Anatole France

Tous les morts sont pauvres.

Ce ne sont pas les coeurs purs qui évitent l’averse, mais les gens munis de parapluie.

Nous mettons l’infini dans l’amour, ce n’est pas la faute des femmes.

On n’aime vraiment que lorsqu’on aime sans raison.

Il n’y a plus que les bibliophiles qui aient des bibliothèques, et l’on sait que cette espèce d’hommes ne lit jamais.

La charité du pauvre, c’est de vouloir du bien au riche.

Un dictionnaire, c’est tout l’univers par ordre alphabétique.

L’attrait du danger est au fond de toutes les grandes passions.

Il n’y a pas de gouvernements populaires, gouverner, c’est mécontenter.

En amour, une femme se prête plutôt qu’elle se donne.

Caressez longuement votre phrase et elle finira par sourire.

Ne prêtez pas vos livres : personne ne les rend jamais, les seuls livres que j’ai dans ma bibliothèque sont des livres qu’on m’a prêtés.

Il faut se pardonner beaucoup à soi-même pour s’habituer à pardonner beaucoup à autrui.

On ne se repent bien des fautes que l’on n’est plus en état de commettre.

L’ironie, c’est la gaieté et la joie de la sagesse.

Le diable s’est toujours mis du côté des savants.

La majestueuse égalité des lois interdit aux riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts, de mendier dans la rue et de voler du pain.

On ne s’ennuie pas quand on a des ennuis.

L’ignorance fait notre tranquillité ; le mensonge, notre félicité.

Les plus beaux mots du monde ne sont que des sons inutiles si vous ne pouvez pas les comprendre.

Le style simple est semblable à la clarté blanche, il est complexe, mais il n’y paraît pas.

Les hommes furent jadis ce qu’ils sont à présents, c’est-à-dire médiocrement bons et médiocrement mauvais.

La vertu, comme le corbeau, niche dans les ruines, elle habite les creux et les rides du corps.

On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.