Autrui

Je suis un contemplateur fervent de l’effort d’autrui.

Qui méprise sa vie est maître de celle d’autrui.

Dans le bonheur d’autrui, je cherche mon bonheur.

On voit les maux d’autrui d’un autre œil que les siens.

Sur les défauts d’autrui, l’homme a des yeux perçants.

Le mieux, c’est le bien d’autrui.

La vie est trop courte pour supporter le fardeau des erreurs d’autrui.

Qui veut s’attacher des dévouements passionnés doit veiller à constamment surprendre. Car il s’agit d’occuper l’esprit d’autrui, et l’on n’y parvient jamais mieux qu’en y installant la curiosité et l’incertitude.

J’ai rêvé parfois d’élaborer un système de connaissance humaine basé sur l’érotique, une théorie du contact, où le mystère et la dignité d’autrui consisteraient précisément à offrir au Moi ce point d’appui d’un autre monde.

Autrui nous est indifférent et l’indifférence n’incline pas à la méchanceté.

Les hommes sont conservateurs de ce qu’ils possèdent et communistes du bien d’autrui.

Que de bégaiements d’intelligence chez autrui furent à la source même de nos plus vastes idées !

Pessimiste, je crois facilement aux bonnes fortunes d’autrui.

J’écris pour débarrasser ma cervelle, pas pour encombrer celle d’autrui.

On a toujours assez de force pour supporter les peines d’autrui.

En fait de masturbation, tant qu’on ne peut pas compter sur autrui, il faut compter sur ses doigts.

Nous envions parfois à autrui l’importance qu’il parvient à donner à ce qui lui arrive.

Souvent, il nous déplaît de retrouver nos opinions chez autrui ; elles y sont dénuées de tout ce qui, en nous, nous les rend acceptables.

Je possède, au plus haut point, cette force,ou cette faiblesse,de n’avoir nul besoin qu’autrui partage ma pensée.

Se montrer tel qu’on est, c’est accepter d’être vu autre qu’on n’est. Tenir compte de la distorsion que subit notre image en l’esprit d’autrui.

Je sais gré à autrui de ce que souvent, par son opposition, il m’aide à me rester fidèle.

Écrire: la seule façon d’émouvoir autrui sans être gêné par un visage.

Nous nous permettons des écarts de goût que nous interdirions à autrui.

Les seules libertés auxquelles nous soyons sensibles sont celles qui viennent jeter autrui dans une servitude équivalente.