François Mauriac

Ce qui donne au romancier le sentiment de l’échec, c’est l’immensité de sa prétention.

La peur est le commencement de la sagesse.

Sous la couche épaisse de nos actes, notre âme d’enfant demeure inchangée ; l’âme échappe au temps.

Les Bonaparte, c’est tout de même un clan qui se remplit les poches, se distribue les couronnes, et qui, en 1851, s’attable pour le deuxième service.

En dehors de mon métier d’écrivain, je ne suis bon à rien. En conséquence, on peut dire qu’un bon à rien peut facilement devenir un écrivain.

Autonomie ou intégration ? Eh bien les deux routes demeurent ouvertes. De Gaulle s’arrête au carrefour et il attend.

L’art abstrait témoigne que l’homme n’a rien à dire, rien à exprimer ni à fixer, s’il se coupe du monde tel que le capte le regard d’un enfant.

Nous ne connaissons bien que ce dont nous sommes dépouillés.

Notre destin, quand nous voulons l’isoler, ressemble à ces plantes qu’il est impossible d’arracher avec toutes leurs racines.

N’importe qui sait proférer des paroles menteuses ; les mensonges du corps exigent une autre science.

Rien que cela, le sexe, nous sépare plus que deux planètes.

Nous croyons de toute notre âme à la résurrection de la chair ; mais il faut que chaque être humain donne son consentement à cette vocation de pourrir.

Au soir de la vie, il n’y a pas de plus grand bonheur que d’avoir aimé le Christ.

La lecture, une porte ouverte sur un monde enchanté.

L’épreuve ne tourne jamais vers nous le visage que nous attendions.

Les grands romans viennent du cœur

Le christianisme ne fait pas sa part à la chair : il la supprime.

Le romancier est, de tous les hommes, celui qui ressemble le plus à Dieu : il est le singe de Dieu.

Une œuvre, tant qu’elle survit, c’est une blessure ouverte par où toute une race continue de saigner.

Chacun de nous est un désert : une œuvre est toujours un cri dans le désert.

Comme on dit  » faire l’amour « , il faudrait pouvoir dire  » faire la haine « . C’est bon de faire la haine, ça repose, ça détend.

Quel arbre humain n’est, par quelques-uns de ses fruits, un mauvais arbre ?

Il ne faut surtout pas juger Dieu sur les balbutiements de ses serviteurs.

Ce qu’il y a de plus horrible au monde, c’est la justice séparée de la charité.