Dieu

Dieu n’est pas une substance extérieure mais une relation morale en nous.

On ne peut démontrer l’existence de Dieu, mais on ne peut s’empêcher de procéder suivant le principe de cette idée et d’accepter les devoirs comme des commandements divins.

La notion de Dieu devrait remplir l’homme de respect et par conséquent il devrait en faire usage rarement et jamais à la légère.

Il est évident que Dieu était une solution, et qu’on n’en trouvera jamais une autre qui soit aussi satisfaisante.

Dieu a exploité tous nos complexes d’infériorité, en commençant par notre incapacité de croire à notre propre divinité.

Il n’y a qu’un remède au désespoir : c’est la prière – la prière qui peut tout, qui peut même créer Dieu…

Expliquer quoi que ce soit par Dieu, c’est céder à une solution de facilité. Dieu n’explique rien, c’est là sa force.

Mais que savons-nous de Dieu, sinon qu’il est un désespoir qui commence là où finissent tous les autres.

Dieu est une maladie dont on se croit guéri parce que plus personne n’en meurt et dont on est surpris, de temps en temps, de constater qu’elle est toujours là.

Tout sans Dieu est néant ; et Dieu n’est que le néant suprême.

Un croyant qui a perdu la foi, la grâce, pourrait à juste titre accuser Dieu de trahison.

Il me paraît plus aisé de se croire Dieu que de croire en Dieu.

La fin du monde apparaîtra quand l’idée même de Dieu aura disparu. D’oubli en oubli, l’homme réussira à abolir son passé et à s’abolir lui-même.

L’idée de Dieu aura fait de l’usage ! On ne voit pas par quoi la remplacer. Pourquoi alors l’homme ne ferait-il pas tout pour la garder, pour s’y cramponner ? De toute façon il ne trouvera pas mieux.

Dieu est ce qui survit à l’évidence que rien ne mérite d’être pensé.

Ne comprend vraiment la religion, que celui-là seul qui, s’il écoutait son instinct le plus profond, pousserait un « au secours » si fort, si dévastateur, qu’aucun dieu n’y survivrait.

Tout homme qui a une conviction, quelle qu’elle soit, a un dieu ; que dis-je, il croit en Dieu. Car toute conviction postule l’absolu ou y supplée.

Il serait difficile de considérer comme du temps perdu tous ces siècles pendant lesquels l’homme s’est épuisé à chercher une définition de Dieu.

L’éternité est la serre où Dieu se fane depuis les commencements, et l’homme, de temps en temps, par la pensée.

Tout désespoir est un ultimatum à Dieu.

Ce n’est pas Dieu qui a créé l’homme : c’est l’homme qui a créé Dieu.

Dieu nous a donné deux oreilles et une bouche pour nous apprendre à dire seulement la moitié de ce que nous entendons.

Dieu, ou le zéro des mathématiques, sans valeur en lui-même, mais indispensable pour la numération.

Si un Dieu créateur existe, quel intérêt sérieux peut-il vraiment prendre à l’existence du monde ?