Journal

Si vous ne lisez pas le journal, vous êtes mal informé, si vous lisez le journal, vous êtes désinformé.

Je ne mens jamais. Sauf quand je lis le journal tout haut, évidemment.

J’aime bien lire le journal des écrivains, c’est comme si on regardait par le trou de la serrure.

Incalculables sont les personnes n’ayant jamais eu d’autres opinions que celles de leur journal.

Les fonctionnaires sont les meilleurs maris : quand ils rentrent le soir à la maison, ils ne sont pas fatigués et on déjà lu le journal.

Les journaux sont incapables, apparemment, de faire la distinction entre un accident de bicyclette et le déclin d’une civilisation.

Le journal nouveau tend à mettre à la porte la littérature.

Un bon journaliste ne lit qu’un journal, le sien, et dans ce journal, il ne lit qu’un article, le sien.

Un journal coupé en morceaux n’intéresse pas les femmes. Par contre, un femme coupée en morceaux intéresse les journaux.

Homère est nouveau ce matin, et rien n’est peut-être aussi vieux que le journal d’aujourd’hui.

Tout journal, de la première ligne à la dernière, n’est qu’un tissu d’horreurs. Guerres, crimes, vols, impudicité, tortures, crimes de prince, crimes des nations, crimes des particuliers, une ivresse d’atrocité universelle.

L’acte d’amour et l’acte de poésie sont incompatibles avec la lecture du journal à haute voix.