Ernest Renan

Le but de l’humanité, c’est de produire de grands hommes.

La guerre suppose une grande absence de réflexion égoïste, puisqu’après la victoire, ceux qui ont le plus contribué à la faire remporter, je veux dire les morts, n’en jouissent pas.

Un ensemble de préjugés et d’idées bornées ; voilà la patrie.

Le talent de l’historien consiste à faire un ensemble vrai avec des traits qui ne sont vrais qu’à demi.

L’homme fait la sainteté de ce qu’il croit comme la beauté de ce qu’il aime.

Mais la liberté est comme la vérité : presque personne ne l’aime pour elle-même, et cependant, par l’impossibilité des extrêmes, on y revient toujours.

Nous vivons de l’ombre d’une ombre. De quoi vivra-t-on après nous ?

Une patrie se compose des morts qui l’ont fondée aussi bien des vivants qui la continuent.

Les larmes de tous les peuples sont de vraies larmes ; les rêves de tous les sages renferment une part de vérité. Tout n’est ici-bas que symbole et que songe.

La vraie marque d’une vocation est l’impossibilité d’y forfaire, c’est-à-dire de réussir à autre chose que ce pourquoi l’on a été créé.

Ce qui est désordre, violence, attentat au droit d’autrui, doit être réprimé sans pitié.

Disséquer le corps humain, c’est détruire sa beauté ; et pourtant, par cette dissection, la science arrive à y reconnaître une beauté d’un ordre bien supérieur et que la vue superficielle n’aurait pas soupçonnée.

La vie n’a de prix que par le dévouement à la vérité et au bien.

Le savant seul a le droit d’admirer.

Il viendra un jour où l’humanité ne croira plus, mais où elle saura.

Les mathématiques, science de l’éternel et de l’immuable, sont la science de l’irréel.

La bonne politique n’est pas de s’opposer à ce qui est inévitable ; la bonne politique est d’y servir et de s’en servir.

Qui sait si la vérité n’est pas triste.

En fait de souvenirs nationaux, les deuils valent mieux que les triomphes ; car ils imposent des devoirs, ils commandent l’effort en commun.

Il y a dans l’homme quelque chose de supérieur à la langue, c’est la volonté.

Un hasard n’est rien pour une âme froide ou distraite ; il est un signe divin pour une âme obsédée.

Ce sont les idées qui mènent le monde.

Le but du monde est que la raison règne. L’organisation de la raison est le devoir de l’humanité.

Le désir est le grand ressort providentiel de l’activité ; tout désir est une illusion, mais les choses sont ainsi disposées qu’on ne voit l’inanité du désir qu’après qu’il est assouvi.