Marcel Proust

La vérité suprême de la vie est dans l’art.

Une heure n’est pas qu’une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats.

Pour une femme tout événement, même un deuil, se termine par un essayage.

La constance d’une habitude est d’ordinaire en rapport avec son absurdité.

Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous-mêmes.

Le sens critique est soumission à la réalité intérieure.

Il est doux à tout âge de se laisser guider par la fantaisie.

Il y a quelque chose plus difficile encore que de s’astreindre à un régime, c’est de ne pas l’imposer aux autres.

Ce qui rapproche, ce n’est pas la communauté des opinions, c’est la consanguinité des esprits.

L’irresponsabilité aggrave les fautes.

Les années heureuses sont les années perdues, on attend une souffrance pour travailler.

Une religion parle d’immortalité, mais entend par là quelque chose qui n’exclut pas le néant.

Ce ne sont pas les êtres qui existent réellement, mais les idées.

La louange la plus haute de Dieu est dans la négation de l’athée qui trouve la Création assez parfaite pour se passer d’un créateur.

L’amour, même en ses plus humbles commencements, est un exemple frappant du peu qu’est la réalité pour nous.

L’instinct d’imitation et l’absence de courage gouvernent les sociétés comme les foules.

Nous sommes attirés par toute vie qui nous représente quelque chose d’inconnu, par une dernière illusion à détruire.

Nous n’arrivons pas à changer les choses suivant notre désir, mais peu à peu notre désir change.

La force qui fait le plus de fois le tour de la terre en une seconde, ce n’est pas l’électricité, c’est la douleur.

La douleur est un aussi puissant modificateur de la réalité qu’est l’ivresse.

Les plats se lisent et les livres se mangent.

Les choses éclatantes, on ne les fait généralement que par à-coups.

Ce n’est pas à un autre homme intelligent qu’un homme intelligent aura peur de paraître bête.

Le regret est un amplificateur du désir.