Terre

Le ciel est trop haut, la terre est trop basse, seul, le comptoir est à la bonne hauteur.

Ce n’est point à Dieu de descendre sur la terre, c’est à l’homme à monter au ciel.

Tout existe, tout est vrai et la Terre est juste un peu de poussière sous nos pieds.

Quand l’homme essaye d’imaginer le Paradis sur terre, ça fait tout de suite un Enfer très convenable.

A terre, même dans les moments les plus sombres, la vie recommence toujours le lendemain; En mer, lors d’une tempête, on éprouve un sentiment de piège pour l’éternité.

Le mineur a dans les veines le feu intérieur de la terre qui l’excite à la parcourir.

La terre est devenue trop petite pour la méchanceté des hommes.

Manger un fruit, c’est faire entrer en soi un bel objet vivant, étranger, nourri et favorisé comme nous par la terre ; c’est consommer un sacrifice où nous nous préférons aux choses.

Construire, c’est collaborer avec la terre : c’est mettre une marque humaine sur un paysage qui en sera modifié à jamais.

La force qui fait le plus de fois le tour de la terre en une seconde, ce n’est pas l’électricité, c’est la douleur.

Nous mourons par manque d’amour, par une absence, par le désespoir. Ce qui nous retiens à la terre, c’est l’amour, c’est la vie. La mort a été construite avec le sentiment de refoulement dans l’homme. Nous avons fabriqué la mort.

Qu’est-ce donc que toute notre tendresse ? Rien. Qu’une petite vague qui racle sur la terre et s’en retourne à la haute mer.

Ce que nous faisons de plus sérieux sur cette terre c’est d’aimer, le reste ne compte guère.

Les enfants sont les personnes les moins bien comprises de la terre, et c’est parce que la terre est gouvernée par des grandes personnes qui ont oublié qu’elles furent aussi des enfants.

Si Dieu cessait de pardonner une seconde, notre terre volerait en éclats.

Quand on pense au chagrin de ceux qu’on laisserait, on se trouve tout de même un peu moins inutile sur la terre.

Le paradis n’est pas sur la terre, mais il y en a des morceaux. Il y a sur la terre un paradis brisé.

Sur cette terre qui saigne toute joie est obscène et les gens heureux sont seuls.

Seul. Seul dans le temps, seul sur la terre. Mourir demain sans laisser de vide en personne.

De droit divin, l’homme est le roi de la nature, et tout ce que la terre a produit a été créé pour lui.

S’il fallait mourir chaque fois qu’on fait une bêtise, il n’y aurait pas assez de poison sur la terre.

Les conquérants : Terre… Horizon… Terrorisons !

Notre Père qui êtes aux cieux. Restez-y. Et nous nous resterons sur la terre. Qui est quelque fois si jolie.

S’il n’y avait que sept merveilles du « monde » sur la terre, cela ne vaudrait pas la peine d’y aller voir.