Jules Renard

Le succès des autres me gêne mais beaucoup moins que s’il était mérité.

Je sais pourquoi je déteste le dimanche : c’est parce que des gens, occupés à rien, se permettent d’être oisifs comme moi.

L’homme libre est celui qui ne craint pas d’aller jusqu’au bout de sa raison.

Prudence n’est que l’euphémisme de peur.

Qu’importe ce que je fais ! Demandez-moi ce que je pense.

Je déteste l’émotion ; c’est trop long, beaucoup plus long que la joie et le rire.

Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s’effrayer. Ca passe.

L’homme est comme un temple. Quand la colonne est brisée, il tombe, et les femmes n’y portent plus leurs dévotions.

A force de vous expliquer quelque chose, on n’y comprend plus rien.

Une femme intelligente doit nous laisser nos rêves.

La vie n’est ni longue ni courte ; elle a des longueurs.

C’est un mauvais travail que celui qu’on fait pour n’avoir plus à travailler.

Il ne suffit pas d’être heureux ; il faut encore que les autres ne le soient pas.

Le mot est l’excuse de la pensée.

La guigne ne s’acharne que sur la bêtise.

On ne s’habitue pas vite à la mort des autres. Comme ce sera long, quand il faudra s’habituer à la nôtre !

Personne ne nous montre nos défauts comme un disciple.

Heureux les cochons qui occupent toute leur tête à manger, et ne parlent qu’avec la queue !

C’est si ennuyeux, le deuil ! A chaque instant il faut se rappeler qu’on est triste.

L’homme propose, et la femme dispose.

La rêverie est le clair de lune de la pensée.

Quand la paresse rend malheureux, elle a la même valeur que le travail.

On se tait pour de grandes raisons ; on n’agit que pour de petites.

Il faut, pour soutenir une conversation en société, savoir une foule de choses inutiles.