Civilisation

Le mensonge est le seul privilège qui distingue l’homme de tous les autres organismes.

Il ne faut pas uniquement intégrer. il faut aussi désintégrer. C’est ça la vie. C’est ça la philosophie. C’est ça la science. C’est ça le progrès, la civilisation.

Chaque génération doit à la suivante ce qu’elle a reçu de ses devancières, un ordre social établi.

Ce qui constitue une nation, ce n’est pas de parler la même langue, ou d’appartenir à un groupe ethnographique commun, c’est d’avoir fait ensemble de grandes choses dans le passé et de vouloir en faire encore dans l’avenir.

Un ensemble de préjugés et d’idées bornées ; voilà la patrie.

L’essence d’une nation est que tous les individus aient beaucoup de choses en commun, et que tous aient oublié bien des choses.

Si chacun pouvait choisir le lieu de sa naissance, certains pays seraient complètement vides.

Pour qu’une nation compte, il faut que la moyenne en soit bonne. Ce qu’on appelle civilisation ou simplement société n’est rien d’autre que la qualité excellente des médiocres qui la composent.

Une civilisation débute par le mythe et finit par le doute.

Le français est devenu une langue provinciale. Les indigènes s’en accommodent. Le métèque, seul, en est inconsolable. Lui seul prend le deuil de la nuance.

Les Anglais sont un peuple de pirates qui, après avoir pillé le monde, ont commencé à s’ennuyer.

Le français : idiome idéal pour traduire délicatement des sentiments équivoques.

Les nations ont le sort qu’elles se font. Rien d’heureux ne leur vient du hasard. Ceux qui les servent sont ceux qui développent leur force profonde.

La valeur d’une civilisation se mesure à ce qu’elle sait non créer, mais entretenir.

Dans l’histoire du monde, c’est encore l’absurde qui a le plus de martyrs.

Le monde ne pardonne qu’aux supériorités qui ne l’humilient pas.

La langue allemande n’est pas une langue, c’est un hache-paille.

L’Anglais, filou comme peuple, est honnête comme individu. Il est le contraire du Français, honnête comme peuple et filou comme individu.

L’humanité s’installe dans la mono-culture; elle s’apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.

Il y a une chose qui ne peut pas durer: l’irresponsabilité de l’intelligence. Ou bien elle cessera, ou bien la civilisation occidentale cessera.

La civilisation s’est peut-être réfugiée chez quelque petite tribu non encore découverte.

La civilisation crée plus de besoin qu’elle n’en comble.

Je vois dans l’Europe une barbarie attentivement ordonnée, où l’idée de la civilisation et celle de l’ordre sont chaque jour confondues.

Ce que les hommes appellent civilisation, c’est l’état actuel des moeurs et ce qu’ils appellent barbarie, ce sont les états antérieurs.