Littérature

Ce sont les mots qui existent, ce qui n’a pas de nom n’existe pas. Le mot lumière existe, la lumière n’existe pas.

Pour être heureux, il faut souvent très peu de choses : un peu d’espoir, beaucoup d’amour… Pour que naisse un roman, simplement quelques mots.

La guerre n’existerait pas, sans la littérature. Et il n’y aurait plus de crime possible, si le meurtrier ne pouvait pleurer un peu sur ses victimes.

Les mots ? C’est un maquis dans lequel on aime bien se mettre à l’abri.

Les auteurs qui ont écrit sur le mépris de la gloire ont mis leur nom en tête du traité.

Il y a des livres dont il faut seulement goûter, d’autres qu’il faut dévorer, d’autres enfin, mais en petit nombre, qu’il faut, pour ainsi dire, mâcher et digérer.

Si Dieu existe, à quoi bon la littérature ? Si Dieu n’existe pas, alors à quoi bon faire de la littérature ?

Les racines des mots sont-elles carrées ?

On ne doit jamais écrire que de ce qu’on aime. L’oubli et le silence sont la punition qu’on inflige à ce qu’on a trouvé laid ou commun, dans la promenade à travers la vie.

Dès qu’un auteur a du talent, j’estime que tout lui est permis.

Les gouvernements suspectent la littérature parce qu’elle est une force qui leur échappe.

Le journal nouveau tend à mettre à la porte la littérature.

Le romancier est fait d’un observateur et d’un expérimentateur.

Lire, c’est penser avec un autre, penser la pensée d’un autre, et penser la pensée, conforme ou contraire à la sienne, qu’il nous suggère.

L’art de lire, c’est l’art de penser avec un peu d’aide.

Lire est doux ; relire est, quelquefois, plus doux encore.

Ah! Monsieur Rostand, comme je vous suis reconnaissant d’exister.

Le moyen infaillible de rajeunir une citation est de la faire exacte.

Les sources d’un écrivain, ce sont ses hontes ; celui qui n’en découvre pas en soi, ou s’y dérobe, est voué au plagiat ou à la critique.

Le bon dramaturge doit posséder le sens de l’assassinat ; depuis les Elisabéthains, qui sait encore tuer ses personnages ?

Il y a, pour les écrivains français, une qualité plus belle que la couleur: la lumière.

Les traductions sont comme les femmes: quand elles sont belles, elles ne sont pas fidèles; et quand elles sont fidèles, elles ne sont pas belles.

Un livre n’est jamais un chef-d’œuvre : il le devient.

Certains livres ressemblent à la cuisine italienne : ils bourrent, mais ne remplissent pas.